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Surveillance VS Covid-19

Il n’a pas fallu attendre que le monde soit bouleversé par l’épidémie du Covid-19 pour que de nombreux pays mettent en place des mesures “numériques” de surveillance de leur population. Contre le terrorisme, en premier lieu. Aujourd’hui, il s’agit de sécurité sanitaire. Ainsi, une équipe d’expert.e.s en recherche médicale et en bioéthique de l’Université d’Oxford aide plusieurs gouvernements européens à explorer la faisabilité d’une application mobile pour le suivi instantané des contacts. Les expert.e.s en maladies infectieuses pensent qu’une telle application, déployée rapidement et largement, pourrait considérablement contribuer à contenir la propagation du covid-19. Son fonctionnement est simple : si vous êtes diagnostiqué.e avec un covid-19, les personnes avec lesquelles vous êtes récemment entré.e en contact recevront un message leur conseillant, ou leur ordonnant, de s’isoler. 

En Chine, une application similaire a été mise en place dans les provinces les plus touchées. Chaque utilisateur dispose d’un code-barres de trois couleurs : rouge, qui lui interdit de sortir de chez lui pendant deux semaines ; jaune, qui lui demande de se mettre en quarantaine pendant sept jours ; vert, qui le laisse libre d’aller et venir. Comme le relève Le Monde, la couleur est déterminée, de manière assez opaque, par les derniers déplacements de son propriétaire et la probabilité qu’il ait côtoyé des malades.

Dès le début de l’épidémie, la Corée du Sud a immédiatement commencé à tester des centaines de milliers de personnes asymptomatiques. Elle a également utilisé une application de suivi centralisé, Corona 100m, qui informe publiquement les citoyen.ne.s des cas connus à moins de 100 mètres de leur emplacement. L’alerte peut contenir l’âge et le sexe de la personne infectée, ainsi que le détail de ses mouvements (dans certains cas avec le nom des entreprises visitées). C’est à ce stade que la question du respect de la vie privée se pose. En effet, selon le site SoDigital, le 9 mars dernier, Choi Young-ae, Présidente de la Commission nationale des droits de l’homme de Corée, s’est dite préoccupée par le fait que la « divulgation excessive d’informations privées » pourrait inciter les personnes présentant des symptômes à éviter les tests. Attentatoire aux droits individuels, cette mesure pourrait en plus se révéler contre productive.

La recherche doit être évidemment mise au service de la lutte contre cette pandémie, tant d’un point de vue médical que technologique, mais les systèmes déployés devront apporter la garantie de leur efficacité mais aussi de leur compatibilité avec le respect des libertés individuelles. La Cnil se bat avec ce casse-tête.

 

Par Anna Mélin