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Transition numérique, une opportunité pour les collectivités territoriales et les citoyens

En quelques années, le numérique s’est imposé comme une donnée essentielle pour les collectivités. Véritable accélérateur de mutations — aucune composante n’y échappe : habitat, transports, travail… —, il est souvent perçu comme un outil indispensable par les citoyens, qui attendent de leurs interlocuteurs locaux qu’ils se mettent au niveau des évolutions technologiques. Ces derniers ne s’y trompent pas et relèvent le défi de la transition numérique. Vécues comme une opportunité par la population et les collectivités, ces transformations soulèvent néanmoins des inquiétudes et des réticences.

Transition numérique des collectivités, de nombreux intérêts pour les citoyens

Utilisés à tour de doigts par les jeunes et les moins jeunes, les « appli », sites internet, géolocalisations et autres programmes de discussion instantanée se sont imposés dans le quotidien des Français. C’est donc naturellement qu’ils escomptent de leurs administrations qu’elles les intègrent dans le déploiement des services publics. Ainsi, selon l’édition 2018 du baromètre Kantar Public/Paul Delouvrier « face à la digitalisation des services publics, on observe une demande croissante d’accompagnement des usagers : la possibilité de joindre plus facilement et plus souvent les services publics et le suivi personnalisé des usagers constituent deux attentes qui progressent nettement en 4 ans. » Et c’est précisément ce que les collectivités s’attellent à faire depuis plusieurs années. Elles améliorent dès lors leur qualité de service, pour le plus grand contentement des citoyens. Ainsi, 71 % d’entre eux se déclarent satisfaits des différents services publics.

De la même façon, alors que les détracteurs du numérique dénoncent l’isolement des personnes très connectées, les collectivités locales y ont vu au contraire de formidables passerelles à développer entre des individus qui ne se seraient jamais parlé. En effet, celles et ceux qui partagent une voiture ou un espace de travail se rencontrent et échangent. C’est ainsi que des villes, villages ou intercommunalités poursuivent la construction du « vivre ensemble » en créant leurs propres instruments numériques.

Somme toute, d’après le baromètre Kantar Public/Paul Delouvrier, 26 % des Français citent l’environnement comme un des domaines où les pouvoirs publics doivent porter leurs efforts. Or, le numérique utilisé à bon escient par les collectivités est un outil qui répond pleinement à cette dynamique verte.

Le numérique embrasse l’ensemble des compétences des collectivités

La progression de la transition numérique engagée depuis plusieurs années par les collectivités est en pleine accélération. Il s’agit alors pour les élus locaux de définir une stratégie numérique parfaitement en phase avec leur territoire et ses habitants. Dans cet objectif, de nombreuses collectivités mettent en place des conseils numériques locaux. Dans l’esprit de la ville intelligente partagée, ils réunissent généralement des agents innovateurs appuyés par des universitaires, des juristes, et des entrepreneurs locaux. C’est ce concept que la ville de Saint-Germain-en-Laye a développé en créant le Num. Inauguré récemment par le secrétaire d’État en charge du numérique Mounir Mahjoubi, ce conseil local du numérique permet, selon Arnaud Pericard l’édile de la ville, de « profiter de cette matière grise, de cette intelligence collective pour la mettre au service du plus grand nombre ».

Si le champ de compétences des membres d’une telle assemblée est large, c’est que le spectre d’impact d’une politique numérique locale l’est encore plus. En effet, cela va de l’accès aux droits au patrimoine en passant par les plans de déplacement urbain, la santé publique et l’action sociale, la sûreté et la prévention des risques, et le développement durable. Les collectivités redoublent ainsi d’innovation afin que chacune de ces prérogatives trouve dans le numérique un outil utile à la population.

La démocratie locale, pierre angulaire des politiques publiques et de la participation citoyenne, est particulièrement concernée par la mise en place d’outils inédits. Cela va de la mise en ligne des comptes rendus de conseils municipaux, aux enquêtes publiques, en passant par des concertations ou des conseils de quartier.

Définir une stratégie de long terme pour éviter les écueils

L’émergence de l’open data et l’apprentissage démocratisé du codage permettent à des non-spécialistes de concevoir de nouvelles utilisations du numérique. Les citoyens devancent ainsi les usages et les outils et attendent des collectivités qu’elles progressent au même rythme. Mais le temps de l’administration n’est pas celui de l’internet. Deux clics et trois lignes de codes ne suffisent pas pour qu’une ville crée une application ou un site internet. Les budgets restreints et les circuits de décisions sont conséquents.

Et pour cause ! Le numérique n’est pas une fin en soi, c’est un instrument à considérer en tant que tel. Les dirigeants publics sont donc avisés de prendre le temps nécessaire à l’évaluation des besoins réels et des solutions que peuvent apporter les outils connectés, comme ils le font par exemple avec les conseils locaux numériques. Ils doivent, en plus, examiner tous les questionnements soulevés, tels que l’évolution des métiers internes, la protection des données personnelles, l’inclusion des individus déconnectés, l’impact écologique, ou encore l’irruption de nouveaux acteurs dans le champ du service public.

En somme, ces transformations méritent l’élaboration d’une réflexion stratégique sur le long terme, prenant en compte l’ensemble des problématiques, et définie collectivement. C’est la condition d’une transition numérique réussie.

 

Par Anna Mélin