Your browser does not support JavaScript!

Numérique responsable, le défi social

Une étude de 2020 réalisée par l’Agence du Numérique relève qu’environ 17% des Français·es sont confronté·es à l’illectronisme, c’est-à-dire qu’ils ont des difficultés à utiliser les outils et services numériques. Cela représente environ 11 millions de personnes en France. Parmi les personnes concernées, on trouve majoritairement les personnes âgées, les personnes ayant un faible niveau d’éducation, les personnes vivant dans des zones rurales ou isolées, les personnes en situation de handicap et les personnes en difficulté sociale ou économique.

Les collectivités territoriales sont en première ligne pour ne pas laisser se creuser la fracture numérique, déjà source de nombreuses inégalités. 

Le manque d’équipement est encore présent

Le baromètre du numérique 2021 indique que la part de personnes ne disposant à domicile d’aucun point d’entrée vers internet (ni ordinateur, ni tablette, ni smartphone) n’a pas changé entre 2019 et 2020 (9%). On recense également dans la population, 9% de personnes n’ayant aucune adresse mail (ni personnelle, ni professionnelle). Dit autrement, l’augmentation de l’équipement s’est opérée chez les personnes qui étaient déjà pourvues de solution et n’a pas résorbé le manque d’équipement de certains, alors même que de nombreux services, activités, liens administratifs ne peuvent plus se réaliser que sur Internet.

L’acculturation au numérique, un défi sociétal

Un adulte sur cinq environ reconnaît rencontrer des gênes, dans la vie de tous les jours, avec l’écriture (9%), la lecture (11%) ou le calcul (11%). Et 21% souffrent d’un handicap, d’une infirmité ou d’une maladie qui continuera à les affecter dans l’avenir.

Les difficultés se cumulent et s’amplifient : plus d’une personne sur deux qui a du mal avec la lecture, le calcul ou l’écriture, et 44% des personnes souffrant de handicap ou maladie chronique expriment aussi des freins à la connexion et l’utilisation des outils numériques au quotidien (manque de maîtrise des outils numériques, équipement trop ancien, ou manque d’équipement ou d’accès), contre 35% en moyenne dans la population.

Interpréter la course à la dématérialisation à l’aune de ces statistiques, une obligation pour les collectivités

La course à la dématérialisation, c’est-à-dire la tendance à remplacer les processus physiques par des processus numériques, est une réalité qui se manifeste dans de tous les secteurs de l’économie et des services publics. Cela peut inclure la numérisation des documents, la gestion électronique des données, mais également nombre de démarches administratives.

Il est essentiel de prendre en compte l’illectronisme dans cette course à la dématérialisation. Remplacer les processus physiques par des processus numériques sans offrir d’alternatives accessibles à ceux qui ne peuvent pas ou ne souhaitent pas utiliser les technologies numériques conduit nécessairement à une exclusion numérique et sociale.

Il est dès lors déterminant de s’assurer que les démarches administratives soient accessibles à toutes et tous, en proposant des formations, des outils et des alternatives humaines à celles et ceux qui ne sont pas en mesure de les utiliser ou qui ne le souhaitent pas. Il est en ce sens indispensable de maintenir l’humain au cœur des services publics. Une démarche dématérialisée doit toujours pouvoir s’effectuer à un guichet. 

En somme, l’interprétation de la course à la dématérialisation à l’aune de l’illectronisme est non seulement une obligation éthique, mais aussi une nécessité pour garantir l’inclusion et l’égalité numériques dans notre société.

 

Par Anna Mélin