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Du global au local, la consommation énergétique : un enjeu de société

Publié le 10 septembre 2020 Innovation Territoire durable

La consommation énergétique du numérique est celle liée à la consommation électrique de différents équipements. À cette consommation liée aux usages, il faut ajouter, dans une analyse en cycle de vie (ACV), la consommation d’énergie nécessaire à la fabrication des équipements et à leur traitement en fin de vie.

Les acteurs et actrices du numérique qui ont à cœur d’utiliser leurs outils tout en protégeant l’environnement doivent dès lors s’interroger sur l’ensemble de la chaîne de production-utilisation-recyclage des appareils numériques.

Avant de s’allumer, un ordinateur a déjà consommé

Guillaume Pitron, auteur de La guerre des métaux rares, a de nouveau mis les pieds dans le plat lors d’un entretien vidéo au média Kombini, rappelant que la voiture électrique n’est pas un véhicule « propre », au contraire. Il en va de même pour les équipements électriques et électroniques.

L’association NégaWatt estime quant à elle que la consommation électrique du numérique devrait augmenter de 15 TWh d’ici à 2030, soit +25 % par rapport à 2015 et porterait ainsi la part du numérique à environ 15 % de la consommation électrique du pays.

Avec le déploiement de la 4G, qui consomme 23 fois plus d’énergie qu’une connexion ADSL, la consommation du réseau devrait selon NégaWatt augmenter de 10 % par an sur les 15 prochaines années.

Le site Internet gouvernemental « L’environnement en France, rapport sur l’état de l’environnement », définit ce qui est appelée « l’énergie grise ». Elle représente la quantité d’énergie consommée lors du cycle de vie d’un appareil, à l’exception de son usage. Cela intègre notamment la production, l’extraction des matériaux, le transport et le recyclage. C’est une énergie « cachée », car le consommateur n’en a pas connaissance. L’énergie grise constitue l’essentiel du bilan complet énergétique des équipements. L’extraction des minerais rares et leur transformation en composants électroniques peuvent représenter une part bien supérieure à l’énergie consommée au cours de la durée de vie des appareils. Pour un smartphone, cela représente cinq fois la consommation de l’appareil, dont la durée de vie est estimée en moyenne à 18 mois. Selon le livre blanc numérique et environnement, « la fabrication d’un téléphone portable requiert 60 métaux différents, dont une vingtaine seulement sont actuellement recyclables, et seulement 16 % des téléphones sont collectés pour être dépollués ».

Polluer n’est pas une fatalité

En novembre 2019, l’agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), le ministère de l’écologie et celui de l’enseignement supérieur republiaient un document détaillé et opérationnel sur La face cachée du numérique. On y retrouve des éléments chiffrés sur l’impact environnemental du numérique, le rapport précisant que ce secteur est responsable aujourd’hui de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et que la forte augmentation des usages laisse présager un doublement de cette empreinte carbone d’ici 2025.

Au-delà de dresser un constat particulièrement alarmiste, l’ADEME formule également des préconisations. L’agence rappelle que faire durer nos équipements numériques constitue le geste le plus efficace pour diminuer leurs impacts : passer de 2 à 4 ans d’usage pour une tablette ou un ordinateur améliore de 50 % son bilan environnemental. Il s’agit alors de ne pas remplacer ses équipements sur un coup de tête ou suite à une offre promotionnelle alors qu’on n’en a pas besoin, d’entretenir correctement son matériel pour le faire durer le plus longtemps possible et enfin de penser au troc ou reconditionnement lorsqu’on décide de vraiment s’en séparer (lire ici notre article sur le programme Ordi 3.0 et sur celui sur la gestion des déchets électriques).

L’utilisation de ces équipements peut également être plus ou moins vertueuse, il faut faire les bons choix : ne pas laisser les appareils ou les veilles allumés en permanence, fermer le plus souvent possible l’interrupteur d’alimentation de votre box et du récepteur TV (une box consomme autant qu’un réfrigérateur).

Enfin, il est déterminant de maîtriser le voyage et le stockage des données. Par exemple, l’impact de l’envoi d’un mail dépend du poids des pièces jointes, du temps de stockage sur un serveur mais aussi du nombre de destinataires. Multiplier par 10 le nombre des destinataires d’un mail multiplie par 4 son impact. Il s’agit dès lors de bien cibler ses destinataires, de n’envoyer les pièces jointes que lorsqu’elles sont nécessaires ou encore de nettoyer régulièrement sa boîte mail. Les recherches sur le web peuvent également être optimisées : taper directement l’adresse du site consomme moins que de taper le nom du site dans un moteur de recherche puis de cliquer sur le lien proposé.

La politique des petits pas : les collectivités locales changent leurs habitudes de consommation 

Que ce soit par conviction écologique ou par simple volonté de réduction des dépenses de leur collectivité, les élus locaux sont déjà très actifs pour faire baisser la consommation énergétique de leur territoire. En atteste ainsi les mises en œuvre d’une gestion des techniques centralisées (GTC) par le biais de logiciels permettant d’assurer le suivi et d’agir à distance sur les installations de chauffage et d’eau chaude sanitaire des bâtiments communaux, comme le font Les Ulis (91 – 4@). Ou encore, la mise en place de plateformes de covoiturage ou d’auto-partage, comme le fait la ville d’Oullins (69 – 5@) qui entend ainsi  « améliorer la mobilité des habitants de la commune et des personnes travaillant sur son territoire, tout en réduisant l’impact sur l’environnement. » À un autre niveau, certaines collectivités comme La Turballe (44 – 4@) misent sur le renouvellement de leur matériel informatique par des outils intelligents tels que des photocopieurs dont les fonctions réduisent le nombre d’impressions par agent.

Cette dynamique des petits pas aura certainement une influence positive sur l’empreinte écologique des collectivités, et également sur les actions mises en œuvre par l’État qui ne peut que suivre cette voie. Les villages, villes et communautés d’agglomération qui participent cette année au label national territoires, villes et villages Internet auront la chance de pouvoir prétendre à la nouvelle arobase verte, marque territoriale de cette ambition écologique.

 

Par Anna Mélin