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Deux pas en avant, trois pas en arrière, la reconnaissance faciale à l’épreuve de la protection des données

Selon la commission nationale informations et libertés (CNIL), la reconnaissance faciale est une technique qui permet à partir des traits de visage d’authentifier une personne : à savoir, vérifier qu’une personne est bien celle qu’elle prétend être (dans le cadre d’un contrôle d’accès) ou d’identifier une personne : c’est-à-dire de retrouver une personne au sein d’un groupe d’individus, dans un lieu, une image ou une base de données. 

Et elle met en garde sans détour sur l’importance des enjeux de protection des données et les risques d’atteintes aux libertés individuelles — dont la liberté d’aller et venir anonymement — que de tels dispositifs sont susceptibles d’induire.

Pourtant, des collectivités locales continuent de déployer des outils qui frôlent les limites de ce qui est autorisé. D’autres se préparent à mettre en œuvre la reconnaissance faciale dès qu’elle sera légale. Mais cela arrivera-t-il un jour ?

 

La CNIL, rempart contre les offensives de la reconnaissance faciale

 

Le 16 décembre 2021, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a mis en demeure la société américaine CLEARVIEW AI de cesser la réutilisation de photographies accessibles sur internet.

La société CLEARVIEW AI a développé un logiciel de reconnaissance faciale dont la base de données repose sur l’aspiration de photographies et de vidéos publiquement accessibles sur internet. De cette manière, la société s’est approprié plus de 10 milliards d’images à travers le monde.

      

© Infographie de la CNIL

La présidente de la CNIL l’a mise en demeure de cesser ce traitement illicite et de supprimer les données dans un délai de 2 mois.

Vidéo surveillance, la Cour des comptes note une augmentation significative des dépenses pour une efficacité insuffisamment mesurée

Dans son rapport public sur les polices municipales publié en 2020, la Cour des comptes relève qu’en matière de vidéo surveillance, la connaissance du nombre de caméras effectivement installées sur le territoire français reste approximative. Elle le signalait déjà en 2011, recommandant au ministère de l’Intérieur de se doter des moyens d’une meilleure connaissance du déploiement des systèmes par les collectivités territoriales. « Cette connaissance est un outil d’aide à la décision tant pour les collectivités territoriales que pour les forces de sécurité de l’État ; en outre, elle constitue un préalable à toute évaluation des dispositifs de vidéoprotection. La Cour réitère donc sa recommandation en la matière : l’outil de suivi des parcs et des implantations de caméras doit être amélioré. »

Peu de communes sont en mesure de tracer le coût d’exploitation, certaines ne précisant que certains coûts, d’autres indiquant un coût nul pour l’exploitation. D’autres communes n’opèrent pas de ventilation budgétaire ou n’indiquent aucun coût d’exploitation au motif que celle-ci est internalisée. Le coût d’installation par caméra est compris dans une fourchette allant du simple au quintuple, cette amplitude s’expliquant en partie par la diversité des matériels déployés.

Exemples de coût d’installation d’une caméra

La Cour note qu’aucune corrélation globale n’a été relevée entre l’existence de dispositifs de vidéoprotection et le niveau de la délinquance commise sur la voie publique, ou encore les taux d’élucidation. Elle préconise alors d’engager une évaluation de l’efficacité de la vidéoprotection de la voie publique, notamment dans l’élucidation des crimes et délits, avec le concours de chercheurs et d’experts.

La ville de Nîmes se rêve en précurseur de la reconnaissance faciale

La ville de Nîmes s’est dotée en 1999 d’un conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD). Depuis, il a aussi accéléré le mouvement avec l’installation de plus de 400 dispositifs de vidéosurveillance. Le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier réélu pour un quatrième mandat en 2020, ne compte pas s’arrêter là. Convaincu de l’utilité de cet outil pour la sécurité, il s’est engagé lors de sa dernière campagne électorale à déployer encore plus de surveillance automatisée dans sa ville.

Richard Tibérino, ancien adjoint à la sécurité remplacé désormais par Richard Schieven, déclarait dans la presse locale en septembre 2019 : « À Nîmes, nous sommes prêts : dès que les logiciels [ de reconnaissance faciale ] seront autorisés, nous les utiliserons ».

Par Anna Mélin