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Assurer la consommation responsable du numérique pour lutter contre son impact sur le climat

Le numérique n’est pas intrinsèquement « bon » ou « mauvais » pour l’environnement, il est ce qu’on en fait et comment on le fait. Une chose est sûre : chaque dispositif numérique a un impact direct sur la planète, depuis sa fabrication (et les matières premières qui sont utilisées), en passant par son utilisation, jusqu’à sa fin de vie. Il s’agit donc d’organiser, réduire et optimiser son utilisation. Les produits et services numériques, vecteurs d’emploi et de croissance des entreprises, transforment le fonctionnement des services publics (comptes citoyen personnalisés, applications mobiles…), mais ils engendrent également des impacts environnementaux négatifs (épuisement des ressources, émission de gaz à effet de serre, production de déchets…). Pleinement investies dans le virage numérique et matricées par la question écologique, les collectivités territoriales ont compris que l’enjeu majeur réside dans la rencontre de ces deux transitions du XXIe siècle.

Le numérique peut permettre une consommation énergétique plus responsable…

En tant que force de transformation des pratiques, le numérique peut être un outil au service d’une consommation plus responsable. Les collectivités territoriales ne s’y trompent pas, elles s’en saisissent pour construire à la fois des solutions internes et des services publics.

           Vers une réorganisation des administrations

Pionnière dans ce domaine, Magny-les-Hameaux @@@@ 2018 #Numérique éducatif (Yvelines) a mis en place en 1998, en parallèle avec son site internet, un site dédié au personnel communal. Ce site a bien évidemment connu des évolutions au fil du temps. Avec ses six rubriques, il permet aujourd’hui de réduire fortement les courriels échangés, les documents stockés et les impressions de formulaires.

La fonction publique territoriale s’engage par ailleurs dans le télétravail, comme en témoignent les villes de Vannes @@@@@ 2018  (Morbihan) ou d’Angers @@@@@ 2017 #télétravail (Maine-et-Loire), qui réduisent ainsi leur empreinte écologique. D’ailleurs, souvent les villes qui ont compris l’intérêt du télétravail pour leurs agents avancent plus rapidement dans la mise en place d’espaces « colieux » pour le télétravail des salariés du secteur privé.

           Des services publics numériques et écologiques à l’éducation citoyenne

La ville de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) propose depuis de nombreuses années des expérimentations numériques innovantes sur son territoire, ce qui lui vaut d’être depuis six années consécutives une ville aux @@@@@. Le message est clair : le numérique n’est pas seulement une question de technique et d’outils, mais également d’usages et de médiation. Dans cette dynamique, la création d’un tiers-lieu numérique s’inscrit à la fois dans la mutation de la société vers une culture du « faire », et dans la lignée des trois grands axes que s’est fixé la ville : solidarité, citoyenneté, et développement durable. Ainsi, un travail important est réalisé sur la gestion des déchets numériques : incitation au tri sélectif, au réemploi, lutte contre l’obsolescence programmée…

Quant à elle, la ville de Bassens @@@@@2018 (Gironde) a mené une action transversale d’éducation au développement durable en direction du public fréquentant l’Espace Jeunes. Une initiative qui a permis aux jeunes de créer et mettre à disposition du public une green map du territoire. Cette cartographie recense l’ensemble des points écocitoyens (bornes de ramassage du verre, points de collecte de vêtements, centres de recyclage…) présents sur la commune, qui ont été géolocalisés puis renseignés un à un.

… mais son impact sur le climat ne doit être ignoré

Dans son ouvrage La guerre des métaux rares. La face cachée de la transition énergétique et numérique, le journaliste et réalisateur Guillaume Pitron rappelle qu’en nous émancipant des énergies fossiles nous faisons face à une nouvelle dépendance : celle aux métaux rares, aussi appelés « le pétrole du XXIe siècle ». Ces métaux, présents dans l’écorce terrestre, mais dans des proportions infimes, sont devenus indispensables à notre société écologique (voitures électriques, éoliennes, panneaux solaires…) et numérique (téléphones, ordinateurs…). Or, l’extraction et le traitement de ces métaux constituent une double aberration, sociale et environnementale.

En parallèle, chaque heure, près d’un milliard de courriels sont envoyés à travers le monde, alourdissant considérablement la facture énergétique. Car au-delà de l’envoi d’un courriel, son stockage nécessite l’utilisation de serveurs informatiques en continu, 24 heures sur 24. Des serveurs eux-mêmes concentrés dans d’immenses data centers, démesurément gourmands en électricité pour leur fonctionnement et en métaux rares pour leur construction.

Ainsi, même si le numérique est un outil de réduction de l’impact écologique de nombreux autres secteurs, les collectivités font de la réduction de son propre impact un enjeu majeur.

Des solutions existent, les collectivités territoriales en sont les actrices

L’enjeu du stockage des données, en termes de sécurité et de respect de l’environnement, est fondamental pour les collectivités locales, à l’exemple de la ville d’Anzin @@@@ 2018 #Handi-accessibilité (Nord). Celle-ci loue un espace dans un data center implanté sur son territoire, infrastructure innovante qui répond à des normes environnementales strictes. Par exemple, la chaleur produite par son fonctionnement permet-elle de chauffer le Palais des Congrès de la ville.

Afin de dynamiser les énergies et ainsi de faire émerger des solutions radicales, de nombreuses collectivités lancent des défis aux innovateurs, créent des incubateurs publics ou mettent à disposition des territoires d’expérimentation.

Certaines mettent l’accent sur l’achat d’équipements numériques en s’appuyant sur des labels qui apportent des garanties environnementales sur l’ensemble de leur cycle de vie, un allongement de la durée d’utilisation ou l’augmentation du taux de réemploi, comme le fait la ville de Martigues @@@@@ 2018 (Bouches-du-Rhône).

Greenpeace a d’ailleurs récemment publié à ce sujet le Guide to Greener Electronics qui compare plusieurs marques sur ces différents critères. De son côté, le guide d’achat EcoGuide IT permet de vérifier l’impact écologique d’un appareil et de le comparer avec la concurrence.

En somme, pour réussir la convergence du numérique et de l’écologie, les artisans de ces deux révolutions doivent partager une culture commune et mutualiser leurs objectifs. En tant que principales animatrices des territoires et lieux de rencontre de tous les acteurs, sans naïveté ni méfiance a priori vis-à-vis du numérique, les collectivités locales prennent ainsi toute leur place dans l’écriture de cette nouvelle page de l’Histoire.


Pour aller plus loin, consultez le Livre Blanc Numérique et Environnement. Faire de la transition numérique un accélérateur de la transition écologique. (Iddri, FING, WWF France, GreenIT.fr (2018). Livre blanc Numérique et Environnement).

Lisez également l’ouvrage de Guillaume Pitron La guerre des métaux rares. La face cachée de la transition énergétique et numérique, aux éditions Les liens qui libèrent.

 

Par Anna Mélin