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L’impact des réseaux sociaux dans les établissements scolaires

[Dossier] La sécurité numérique individuelle et collective à l’épreuve de la surveillance et de l’espionnage familial ou professionnel

Le droit au respect de la vie privée a été affirmé en 1948 par la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations unies. En France, l’article 9 du code civil consacre cette protection en droit français : « Toute personne a droit au respect de sa vie privée ». Ce droit est aujourd’hui pris en étau entre les revendications de mise en sécurité et l’expansion accélérée des logiciels de surveillance et d’espionnage familial ou professionnel. 

Article 3 : L’impact des réseaux sociaux dans les établissements scolaires

C’est la Convention européenne des droits de l’homme (4 novembre 1950) qui, dans son article 10, précise que « toute personne a droit à la liberté d’expression ». Ce droit comprend « la liberté d’opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu’il puisse y avoir ingérence d’autorités publiques et sans considération de frontière ». Ce droit est repris au bénéfice des jeunes dans la Convention internationale des droits de l’enfant (20 novembre 1989). Son article 13 précise que « l’enfant a droit à la liberté d’expression. Ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen du choix de l’enfant ».

La liberté d’expression n’est pas pour autant absolue et doit se concilier avec d’autres libertés ou droits fondamentaux. En France, la liberté d’expression est encadrée par la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, qui prévoit trois délits de presse : la diffamation, l’injure et le trouble à l’ordre public.

Les publications sans consentement, problème majeur dans les établissements scolaires

Plusieurs abus peuvent être sanctionnés, comme la transmission sans son consentement d’images d’une personne prises dans un lieu privé, la diffusion ou la reproduction de fausses nouvelles ou encore la diffusion, sans son accord, de l’image d’une personne identifiée ou identifiable portant des menottes alors qu’elle n’a pas fait l’objet d’un jugement de condamnation.

Pourtant, le centre Hubertine Auclert a coordonné en 2015-2016 une étude sur le cybersexisme chez les jeunes au collège et au lycée, mettant en évidence notamment l’importance de la diffusion de photos intimes sans le consentement des filles dans le cadre de relations amoureuses. Le ministère de l’Education nationale a également réalisé en 2016 un livret sur les cyberviolences dans lequel il évoque également le cybersexisme. Le cybersexisme fait l’objet d’une priorité nationale (objectif 24) du 5ème plan interministériel de lutte contre les violences faites aux femmes 2017-2019 mais uniquement dans le chapitre consacré aux jeunes femmes (18-25 ans).

Mêmes volontaires, les publications sur les réseaux sociaux ont un impact négatif

Facebook mène depuis trois ans des études sur l’impact de son application de partage de photos sur ses millions de jeunes utilisateurs. Et les chercheurs de l’entreprise ont découvert à plusieurs reprises qu’Instagram était néfaste pour un pourcentage non négligeable d’entre eux, notamment les adolescentes. Ainsi, Facebook, qui est propriétaire d’Instagram, sait depuis des années que la plateforme est nuisible à la santé mentale de nombreux adolescents – en particulier des filles – mais n’a pas publié ses recherches internes sur la question.

Le Wall Street Journal a eu accès à ces données et en a publié une étude en mars 2020. Le journal relève que “32 % des adolescentes disent que lorsqu’elles se sentent mal dans leur corps, ce sentiment empire en allant sur Instagram. La comparaison avec les corps montrés sur Instagram peut changer l’image que les jeunes femmes ont d’elles-mêmes et la façon dont elles se décrivent.” Les jeunes filles “accusent Instagram d’être responsable de l’augmentation de leur taux d’anxiété et de dépression”.

En réponse au rapport du journal, un groupe bipartisan de sénateurs nord-américains a déclaré qu’il lancerait une enquête pour savoir ce que Facebook savait de l’effet d’Instagram sur les utilisateurs adolescents. Instagram a déclaré qu’elle est fière de cette recherche et qu’elle améliore constamment le fonctionnement de son application pour protéger les utilisateurs contre les dangers. Rien n’est moins sûr. 

De la nécessité de la médiation numérique

Dans ce contexte, la médiation numérique à destination des jeunes et particulièrement des jeunes scolarisés est indispensable. Aujourd’hui, 4 000 conseiller·es numériques France Service sont disponibles pour accompagner les Français·es vers l’autonomie dans l’usage du numérique. La sensibilisation aux mécanismes excessifs ou addictifs liés au numérique fait théoriquement partie de leurs missions. Encore faut-il que les médiateurs et médiatrices disposent d’une formation adaptée à ce public et à ses usages.

 

 

 

 

Dossier spécial : la sécurité numérique individuelle et collective à l’épreuve de la surveillance et de l’espionnage familial ou professionnel

 

Par Anna Mélin