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Pauline Metton, directrice de la Fruitière numérique : un modèle innovant de médiation numérique en milieu rural

Villes Internet : pouvez-vous nous présenter la Fruitière et son concept unique en tant que lieu de travail, de rencontres et de divertissement ?

Pauline Metton : La Fruitière est une société publique locale qui a été créée en 2015 et qui est installée au sein d’une ancienne coopérative agricole. C’est un lieu polyvalent qui propose plusieurs services. Historiquement, nous avons débuté en tant que point de médiation numérique, et la Fruitière est née de ce service. Notre point de médiation accueille toute personne qui le souhaite. Nous offrons la possibilité d’utiliser nos huit postes informatiques. Nous organisons également des ateliers collectifs et individuels pour accompagner les utilisateurs et utilisatrices.

En plus de notre service de médiation numérique, nous disposons d’un laboratoire de fabrication numérique. Ce dernier fonctionne différemment des fablabs classiques, car il s’adresse principalement aux professionnel·les tout en étant ouvert aux particuliers. Nous accompagnons ces professionnel·les dans la conception et la fabrication de produits. Nous travaillons également en collaboration avec des petites et moyennes entreprises ainsi que des laboratoires de recherche.

En outre, nous proposons un espace de coworking exclusivement dédié aux travailleurs et travailleuses indépendant·es. Cela permet aux entrepreneur·es de travailler dans un environnement propice à l’échange et à la collaboration.

Enfin, nous avons un volet événementiel qui contribue à notre équilibre économique. Nous accueillons des événements culturels et des résidences artistiques en partenariat avec notre laboratoire de fabrication numérique. De plus, nous proposons également la location de salles pour des séminaires d’entreprises.

Comment la Fruitière s’intègre-t-elle dans ce territoire agricole ?

Notre Fruitière est implantée dans un territoire rural très agricole. Nous organisons régulièrement des marchés de producteurs hebdomadaires, ce qui renforce notre intégration dans ce milieu.

Au Sud Luberon, nous sommes l’une des seules structures à proposer des services de médiation numérique. Au départ, notre rayon d’action était local, mais nous nous sommes étendus sur une quinzaine de kilomètres. Dans les villages, les gens viennent à nous car ils nous connaissent grâce à notre présence régulière dans les villages. Alors que le public qui a besoin d’accompagnement – principalement des personnes âgées – se tourne plus facilement vers des proches par souci de confidentialité des données et informations partagées, nous parvenons à gommer ces problématiques grâce à la création d’un lien de sécurité et de confiance avec nos usager·es. Ils sont autonomes et souhaitent le rester, c’est pourquoi ils participent activement à nos ateliers.

Les gens viennent chez nous pour bénéficier de nos services, mais aussi pour trouver une oreille attentive. Si quelqu’un a besoin de passer deux heures avec nous, nous lui accordons ce temps. Notre mission a une dimension sociale importante. Le milieu rural facilite la création de liens de confiance. Justine, notre conseillère numérique, possède une double compétence en médiation numérique et sociale. Ces deux aspects sont indissociables.

En 2022, Justine a accompagné 600 personnes. L’association de médiation numérique dans le village existe depuis les années 2000, donc de nombreuses personnes ont déjà bénéficié de nos services. La création du poste de conseillère France Service a été une aubaine, et le nombre de personnes accompagnées a considérablement augmenté. Ce poste est renouvelé pour trois ans. La conseillère numérique est rattachée à la mairie qui la met à disposition de la Fruitière. Il est essentiel de pérenniser ce poste. Cependant, ce service ne génère pas de revenus, c’est pour cette raison que nous travaillons sur les autres offres proposées par notre structure.

Quelles sont vos perspectives pour l’avenir de la Fruitière et son rôle dans la médiation numérique ?

Nous avons atteint notre équilibre économique. Maintenant, nous réfléchissons à la manière de continuer à développer notre modèle et notre projet afin de pérenniser le poste de conseillère numérique et d’envisager de nouvelles embauches. En 2019, nous avons été labellisés Fabrique de territoires, et depuis, nous constatons une forte montée en puissance de notre projet. Nous avons besoin de ressources humaines pour porter ce développement.

Nous continuons à travailler en étroite collaboration avec la commune qui a racheté le bâtiment en 2011. Nous avons un comité de pilotage, et l’association qui était déjà active dans le domaine de la médiation numérique dans le village est également impliquée. La région et le département soutiennent activement cette initiative, et historiquement, il y a toujours eu un fort soutien des collectivités dans la région sud en matière de médiation numérique.

Nous sommes ravis d’avoir pu discuter avec Pauline Metton, directrice de la Fruitière et de son rôle crucial dans la médiation numérique.

 

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